Ecrire sur les murs
Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.
« J’ai pas attendu(e) Facebook pour
écrire sur les murs », tu parles à tous en ne t’adressant à personne. Ca
t’amuse. C’est vrai, ça ne manque pas d’humour. J’apprécie. Est-ce cependant une
raison pour écrire n’importe quoi sur des murs qui ne t’appartiennent pas ?
Ce « e » inattendu que tu
n’as pas retenu te trahit. C’est toi qui écris, alors tu crois que les mots se
féminisent selon ton bon vouloir. Tu es une fille, n’est-ce pas, taggeuse d’un
jour ou d’une nuit ? Et les règles grammaticales t’indiffèrent, voire
t’insupportent, tu ne les a pas vraiment apprises.
Tu ne manques pas du nécessaire pour
te faire entendre, alors, dis-moi : pourquoi as-tu besoin de laisser en
ville cette épigraphe, anonyme, furtive trace de toi-même? Pour rire, faire réfléchir,
agacer, provoquer ? Tu te contredis, me semble-t-il, dans cette expression
impersonnelle mais publique peut-être indélébile. Crois-tu ne pouvoir t’expliquer
que dans le secret ? Ou alors des autres tu n’attends rien parce que tu
estimes ne rien leur devoir. Est-ce que vivre t’ennuie déjà, tu te sens seule,
tu traînes, tu t’inquiètes? Mais peut-être que je dramatise… Tu avais
simplement un gros feutre à la main.
Tu sais, il est des lieux où des mots
sur les murs ne servent pas à rire, à se moquer, à jouer. Des lieux où la
parole n’est pas libre, où des filles comme toi sont obligées de se cacher. Des
lieux où les mots sur les murs se dissimulent parce qu’ils servent de signes de
ralliement et n’ont qu’un seul but, vivre dignement, vivre tout simplement.
Alors si tu as vraiment quelque chose
à dire, écris, mais pas sur des murs, et signe.
Un beau texte. Je trouve que cette photo a fait surgir beaucoup de réflexions. La tienne en est une. Merci de nous l'avoir fait partager.
RépondreSupprimerMerci Florence. Une très bonne année à votre blog. Nous sommes de plus en plus nombreux à le suivre!
RépondreSupprimerA t-elle le don d'ubiquité ? sourire
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